La Bayadère – Opéra de Paris – Représentation du 11 avril.
Avec Myriam Ould-Braham (Nikiya), Florian Magnenet (Solor), Charline Giezendanner (Gamzatti).
C’est simple, discret, évident, immédiat. La Bayadère apparaît voilée; elle contourne lentement le feu sacré qui occupe le centre de la scène. Sur chaque troisième pas, Myriam Ould-Braham fait un petit plié moelleux, qui rompt la monotonie, et surtout, laisse voir que Nikiya n’est pas une danseuse comme les autres: la dissymétrie signale le sacré, au même titre que l’excès du mouvement chez le Fakir renvoie à la possession. L’intelligence du rôle, qui fait tout le prix des interprétations de Mlle Ould-Braham, se manifeste ainsi d’entrée de jeu. Par la suite, chaque apparition de la ballerine est une étape émotionnelle. On admire les bras de liane inspirée (acte I), l’abandon dans l’arabesque lors du solo du désespoir (acte II), le mouvement d’outre-tombe, doux mais absent, de l’acte III. Le premier pas de deux avec Solor est illuminé de sensualité, avec des agaceries du bout des doigts qui sont à la limite de la polissonnerie. Mais à l’acte III, la belle entente est froide: les mains se trouvent sans que les regards se croisent (superbe adage des retrouvailles). La blonde rêvée bientôt s’évanouira dans les vapeurs bleutées.
Florian Magnenet est une bonne surprise. Voilà un Solor bien campé, bien amoureux (il ne veut pas de Gamzatti, le Rajah lui force clairement la main), et à l’unisson de ses partenaires. Il est léger et lyrique. Il sait quoi faire de la méditation du début de l’acte blanc, et passe son manège de doubles assemblés presque bien.
Charline Giezendanner a le bon goût de ne pas tirer sa Gamzatti vers le pimbêche. Son personnage a l’autorité discrète des puissants (pas besoin de la montrer, puisqu’ils l’ont!). Dommage, alors qu’elle semblait dominer la scène de son regard, qu’elle ait abordé sa variation de l’acte II avec une prudence trop visible. Belle performance tout de même.