Dans le dernier numéro du journal de l’Opéra national de Paris, où l’on présente Illusions perdues, ballet d’Alexei Ratmansky que le Bolchoï dansera à Garnier en janvier, Guillaume Gallienne nous explique que son rôle de conseiller à la dramaturgie ne constitue pas une simple caution « Comédie-Française ». On verra bien.
En attendant, on remarque que l’interview du sociétaire du Français comporte un passage étonnant sur la différence entre danseurs classiques et danseurs contemporains : « Les classiques ne savent pas respirer, car, comme me l’avait expliqué Sylvie Guillem, quand on respire, on pense, et si l’on pense, on ne peut pas exécuter certains enchaînements extrêmement difficiles, comme certaines séries de fouettés : c’est impossible ».
On ne sait pas quand a eu lieu la conversation, mais ce devait être un jour où Mlle Guillem voulait faire sa maligne et jouer à l’intellectuelle en dénigrant les copines qui – c’est bien connu – font toutes leurs variations en apnée. Le syllogisme reliant respiration et réflexion ne tient pas debout (pour faire des fouettés, il faut certainement de bons automatismes, ce qui n’empêche pas de les penser, au moins musicalement), et M. Gallienne sait sans doute que la respiration de l’acteur n’est pas celle du chanteur, ni celle du yogi, ni encore celle du danseur. Il est franchement ballot de transformer une boutade ratée en parole d’Évangile… Guillaume, faut pas croire tout ce qu’on te dit à l’entracte !
Je suis entièrement d’accord avec vous. Et pour preuve …
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ce qui est navrant, c’est ce mépris implicite du classique, comme si la virtuosité ne pouvait qu’écraser le sens, alors que – comme, je crois, vous essayez de nous l’expliquer quand vous montrez à quel point la technique même peut être signifiante – il existe une intelligence du geste, qui ne peut pas être séparée du souffle, dont elle est l’expression.
je ne comprends pas cette identification entre respiration et pensée, alors que bien des techniques de méditation – ou la pratique du Tai Chi Chuan, par exemple – montrent que c’est en prenant conscience du souffle qu’on cesse d’être l’esclave de la ratiocination.
enfin, respirons un grand coup : peut-être n’y a-t-il pas tant matière, ici, à penser…